Le président turc Erdoğan ne mâche pas ses mots, l'UE n'a pas le pouvoir d'imposer un cessez-le-feu en Libye.
Ouvertement du côté du Premier ministre al-Sarraj, Ankara prévient que si aucun accord n'est conclu entre les parties, elle soutiendra le gouvernement légitime de Tripoli à prendre le contrôle de l'ensemble du territoire libyen.
Le gouvernement de Tripoli a suspendu hier sa participation aux pourparlers du Comité militaire 5 + 5 à Genève, en raison des attaques menées par les milices du général Haftar contre la zone portuaire de Tripoli.
Tout cela quelques jours après la déclaration des représentants de l'Union concernant la mise en place d'une nouvelle mission aérienne et navale en Méditerranée, en remplacement de l'opération précédente Sophia.
Le but de la nouvelle mission, selon ce qui a été dit, vise à empêcher l'arrivée d'armes en Libye. Actuellement aussi Sophia prévoit le contrôle des navires qui débarquent dans les ports libyens, cependant, la permission des pays auxquels ils appartiennent est requise. Avec la nouvelle mission, cependant, les unités utilisées ne nécessiteront aucun permis et pourront effectuer des contrôles à bord sans autorisation préalable.
Mais le problème se posera lorsqu'un navire turc doit être fouillé, peut-être escorté par des unités militaires de la marine d'Ankara.
Compte tenu des déclarations du président Erdoğan, il sera difficile de croire que les Turcs respectent le blocus naval européen. D'un autre côté, Ankara soutient le Premier ministre al-Sarraj, reconnu par l'ONU et l'Union européenne, qui après avoir demandé en vain l'aide de l'Italie - recevoir en échange des sermons sur l'importance du dialogue avec l'autre partie - a accepté le soutien des Turcs, qui ont commencé à apporter des véhicules lourds et des armements en Libye, en plus des milices djihadistes bien expérimentées (déjà employées dans la guerre civile syrienne).
La seule possibilité pour l'UE de compter pour quelque chose en Libye est de préparer une mission d'interposition, c'est-à-dire d'envoyer des troupes sur le terrain. Mais les gouvernements du Vieux Continent n'ont pas de politiciens capables d'assumer une telle responsabilité, d'autant plus que la seule puissance militaire européenne, la France, effectue des exercices navals avec l'Égypte, fermant les yeux sur le transit des armements à la frontière égypto-cyrénaïque.
Photo: présidence de la république de Turquie / État-Major Armées