La peau de nos soldats relève-t-elle de « l’intérêt national » galvaudé et tant vanté ?
Si nous avions pu demander à nos dirigeants civils et militaires qui se pavanaient à l'occasion du 163e anniversaire de l'armée, la réponse aurait probablement été oui.
Malheureusement, la date coïncide de 3 Mai à la fois avec le Journée internationale de la liberté de la presse qu'avec le déclassement de 5 postes pour l'Italie dans le classement international de la liberté de la presse, il a été bien vu (par souci de cohérence) de ne pas « permettre » même une plaisanterie, snobant les journalistes présents à l'événement (photo suivante).
C'est vraiment dommage car - en paroles - notre peuple est toujours déterminé à relancer le pays avec des plans ambitieux, depuis les plans africains (Plan Mattei) jusqu'aux plans multinationaux de défense. Ce qui est donc inquiétant, ce ne sont pas les intentions mais... le timing !
Nous vivons depuis quelques années dans un climat mondial d’avant-guerre que n’importe quel primate au pouce opposable peut déchiffrer : dépêche-toi!
Les dirigeants militaires et politiques de la majorité des pays de l’Alliance, comme leurs collègues des États déjà (ou bientôt) adversaires, se préparent à une confrontation militaire à l’échelle mondiale. Surtout, ils accélèrent sur tous les programmes militaires.
Et ce n’est même pas un secret : il suffit de lire les rappels officiels de nombreux ministres des Affaires étrangères ou secrétaires de la Défense pour comprendre la situation.
On s'est moqué des Alliés pendant une décennie en promettant 2% de dépenses de défense d'ici 2024 puis en les reportant à 2028 (il y a deux ans et tout le monde était d'accord), la France le respecte déjà et un pays comme le Royaume-Uni c'est même se préparer à un taux de 2,5%.
Avons-nous une idée du coût économique d'une implication dans un conflit dans lequel nous ne serons « absolument » pas préparés par rapport à un conflit dans lequel nous serons « partiellement » ? Des valeurs à deux chiffres, pour commencer.
Le programme « AICS »
L'Système de combat d'infanterie blindé, concentré sur une seule plateforme lutter contre la (Véhicule blindé de combat d'infanterie – AIFV) et une série de plateformes de support est un programme lancé il y a des années qui a été absurdement dépassé par celui d’achat de chars Leopard 2. Pourtant, en lisant quelques magazines spécialisés nos vieux wagons Bélier - actualisé - aurait suffi à lui seul pour relever les défis. Alors, qu'est-ce-qu'il s'est passé? Ces impertinents gens de la Défense en Ligne n’ont jamais toujours eu raison? !!!
Un peu mal. Une guerre conventionnelle a commencé et il est juste que, malgré le gaspillage de près d'un milliard, ceux qui ont "blindé" notre force terrestre soient engraissés et que des véhicules moins obsolètes soient affectés à nos pétroliers.
Le char démontre pourtant son importance mais aussi ses vulnérabilités inattendues... Le Véhicules de combat d'infanterie (IFV) jouent au contraire un rôle de plus en plus important dans la guerre moderne, notamment en tant que plates-formes anti-drones. Grâce à des capteurs avancés tels que le radar et l'optique, ils peuvent détecter et attaquer de manière autonome les menaces, armés de lasers, de systèmes ECM, de mitrailleuses ou de canons à tir rapide (particulièrement efficaces contre les drones volant à basse altitude, munitions flânant et tirs d'artillerie).
Si aujourd'hui ou dans les prochaines années notre armée est effectivement confrontée à un « scénario de combat conventionnel de haute intensité » comme celui adressé le mois dernier en Pologne, nos soldats combattraient sur des «Dardo» autosuffisants et obsolètes (photo): les véhicules aujourd'hui totalement inadéquat (blindage médiocre, calibre 25 mm incapable d'utiliser des munitions perforantes avancées, pas de systèmes de missiles anti-drones ou antichar), parfait pour être détecté et détruit même par les drones ennemis les moins sophistiqués.
Déjà en 2021, vous aviez le choix entre deux systèmes européens (le "Suédois" CV90 ou allemand Lynx) déjà existant et qui sera produit en Italie. Pensez-vous qu’une guerre à 700 kilomètres de notre frontière orientale ait accéléré quoi que ce soit ? Loin de là! Dans chaque Document de planification pluriannuel (DPP) de la Défense ces dernières années, l’achèvement du programme AICS a constamment reculé d’année en année : 2035, 2036, 2037…
L'image initiale du programme AICS DPP de 2021 à 2023 (image suivante à gauche) a cependant été mise à jour avec le dernier « Rapport Armée 2023 » (image suivante à droite).
On devine que certaines décisions ont été prises : sinon encore sur la coque dans laquelle nos garçons pourraient survivre, sur la mitrailleuse à adopter qui - comme indiqué - semble clairement être laX-Gun 30mm présenté le mois dernier par Leonardo (lire l'article "X-GUN : le « sniper » innovant de contre-UAS de 30 mm.").
L’AICS (avec capacité anti-drone) est nécessaire maintenant, pas dans 15 ans. Qu’attend-on encore pour définir et intégrer le système dans ses principales variantes ? Est-ce tard?!
Les soldats qui survivent ou survivront votent, ceux qui ne reviennent pas ou ne reviennent pas.
Images : Armée / Défense en ligne