Des consultations politiques sont en cours pour former un exécutif à grande majorité, des questions telles que le plan de pandémie et le plan de relance sont mises sur la table des négociations. Cependant, il y a d'autres urgences auxquelles le gouvernement Draghi devra faire face dans un proche avenir, à savoir la Méditerranée et les relations avec les États côtiers.
Des années de désintérêt absolu pour la politique étrangère - de la part de cadres de différentes couleurs politiques - ont permis à nos concurrents de la Méditerranée de s'approprier la ZEE (Zone Economique Exclusive) et la ZPP (Zone de Protection des Pêches) proches de nos côtes (qui se souviennent qu'elles ont une extension de environ 7.500 km).
L'Algérie a grandement contribué à compliquer la situation géopolitique en établissant arbitrairement, le 20 mars 2018, une ZEE d'environ 200 milles marins, qui s'étend (y compris les fonds marins) au nord-ouest du golfe d'Oristano, à proximité des zones territoriales des eaux de Sant'Antioco, Bosa et Alghero. Restée silencieuse pendant un moment, la diatribe s'est poursuivie par des notes de protestation officielles, qui appelaient à la création d'une table de négociation entre les parties concernées. De toute évidence, Alger avait le droit de créer une ZEE, mais elle aurait dû le faire sans affecter les droits d'exploitation de l'Italie.
Pour le moment, il n'y a pas d'incident entre les deux pays, comme la saisie de bateaux de pêche italiens au sein de la ZEE algérienne.
Toujours dans le sud de la Méditerranée, la question des eaux territoriales libyennes existe toujours depuis plusieurs années, qui depuis le régime de Kadhafi se trouvent à 74 milles de la côte du golfe de Syrte (62 + 12 milles). C'est aussi une appropriation complètement arbitraire puisque le régime d'alors considérait (sans aucune reconnaissance internationale) les eaux du Golfe comme territoriales. Une appropriation qui dans le passé a provoqué de nombreux incidents, comme la saisie des 18 marins de Mazara del Vallo en septembre dernier.
En plus de cela, une ZEE de 200 milles a été récemment créée, ce qui a clairement nui pas peu à notre secteur de la pêche (notamment en ce qui concerne la pêche de la précieuse crevette rouge).
Nul doute que tous les pays riverains de la Méditerranée, pour relancer leurs économies endommagées par Covid-19, recherchent des gisements de gaz naturel. Pas moins les Croates et les Monténégrins qui, dans l'Adriatique, profitant de la politique étrangère peu musclée de l'Italie, poussent leurs navires de recherche à la limite de nos eaux territoriales.
Sans considérer que même avec l'île de Malte, depuis environ un demi-siècle, il n'a pas été possible de s'entendre sur une ZEE qui tienne compte de l'étendue de nos côtes par rapport aux côtes maltaises.
Bref, la Méditerranée devient un no man's land, où les moins scrupuleux deviennent des zones de pêche et d'exploitation énergétique. De plus, il y a une course aux armements, notamment de la Turquie et de l'Algérie, cette dernière pouvant déployer des sous-marins de classe Kilo capables de lancer des missiles de croisière Kalibr (quoique à portée réduite, 300 km) et les missiles antinavires supersoniques chinois CX-1 (vitesse maximale mach 3).
On espère que le prochain gouvernement Draghi, à majorité bipartite, sera également en mesure de s'attaquer à la situation géopolitique en Méditerranée, non moins urgente que le plan pandémie.
Photo: Présidence du Conseil des ministres