Entretien avec le commandant du COMSUBIN, c.amm. Massimiliano Rossi : « les standards sont et doivent rester très élevés »

(Pour Andrea Cucco)
08/08/23

Elles sont appelées à travailler en silence, à mener les opérations dites non conventionnelles à effet stratégique : les "forces spéciales", unités militaires formées pour mener des actions spéciales de défense. Les typologies varient considérablement selon le moment historique et l'état auquel elles se réfèrent.

Nous nous demandons comment et ce qui a changé pour eux et leurs départements aujourd'hui.

Dans l'ancienne forteresse de Varignano, quartier général du Groupe sous-marin et Incursori de la Marine, pour répondre à notre question, nous avons rencontré le commandant du COMSUBIN, le contre-amiral Massimiliano Rossi.

En temps de guerre conventionnelle, est-ce que quelque chose change pour la composante Forces Spéciales ?

Fondamentalement non.

En effet, les opérations spéciales sont très risquées et pour diminuer ce risque, la formation doit être basée sur un maximum de réalisme. Les départements qui, par exemple, ont toujours été habitués à utiliser des munitions de guerre même dans les activités de formation, ont des normes de préparation très élevées dans toutes les phases des opérations : de l'insertion, à l'action sur la cible, jusqu'à l'exfiltration.

Donc, compte tenu de ce qui a été mentionné, il n'y a pas de changement, à mon avis. De tous les scénarios que nous envisageons, nous choisissons toujours le pire : une force hostile avec la meilleure formation et un équipement de pointe.

Supposer un ennemi avec une vision nocturne ou une caméra thermique est quelque chose pour lequel nous nous sommes toujours entraînés. Et ce, même si, ces vingt dernières années, nous avons aussi été confrontés à des adversaires moins combatifs.

Il est important de souligner que dans un conflit classique, est-ce que les forces régulières ont besoin d'être formées et entraînées ? Les forces spéciales ne peuvent pas remplir un engagement dans lequel le nombre compte…

Certes, les forces spéciales sont une composante d'une manœuvre plus large. Les conflits de ce type ont évidemment une connotation large avec des enjeux nombreux en termes d'hommes et de moyens. Les départements spéciaux peuvent aider à déterminer les effets stratégiques d'un certain type, mais vous ne pouvez pas penser à gagner avec eux seuls.

L'Intelligence Artificielle est de plus en plus présente sur les champs de bataille.

L'intelligence artificielle se développe rapidement et touchera tous les domaines. C'est une technologie qui offre des avantages stratégiques et il existe des systèmes capables d'effectuer des missions de surveillance même de manière autonome en traitant de grandes quantités de données pour obtenir des informations précises pour la conduite des opérations.

Nous avons grandi dans les années 80… Un « raider robotique » pourrait-il être concevable d'ici une décennie ? Les combats en milieu urbain, par exemple, sont encore aujourd'hui un « bain de sang ».

Oui, mais je pense que l'homme est toujours et en tout cas central. Même si vous verrez de plus en plus de drones et de véhicules spéciaux dans tous les environnements, y compris sous-marins, et avec des capacités toujours plus grandes, il doit toujours y avoir un homme derrière pour apporter la valeur ajoutée aux capacités de la machine.

L'Intelligence Artificielle sera de plus en plus capable de prendre des décisions plus rapidement, en parvenant à apprendre des erreurs commises. Cependant, la présence humaine sera essentielle à mon avis.

"Apprenez des erreurs commises… ». L'homme n'en est souvent pas capable !

Nous avons aussi des systèmes pour comprendre les leçons reçues.

Quels sont les besoins en ce moment à la lumière des événements ?

Nous sommes toujours attentifs et également engagés dans des activités promotionnelles visant l'enrôlement, dans un secteur de niche et excellent comme celui d'une force spéciale comme la Navy Incursori. Les normes sont et doivent toujours rester très élevées pour ceux qui décident d'entreprendre ce type de carrière et nous devrons essayer de nous améliorer du point de vue de la gratification personnelle et pas seulement de nature économique.

Par exemple, la connaissance de la langue anglaise est essentielle, comme dans le secteur civil : il faut donc des incitations pour que les jeunes soient en phase avec cette exigence, qui est aussi fondamentale pour un militaire des forces spéciales.

Photo : Défense en ligne / Marine