Le 16 mars, la Chambre a approuvé à la quasi-unanimité une ordre du jour qui engageait le gouvernement à augmenter les dépenses de défense jusqu'à 2024% du PIB d'ici 2 (soit passer d'environ 25 milliards aujourd'hui à environ 38 milliards, en tout cas à la mesure de l'évolution du PIB).
Une telle nouvelle me laisse perplexe et dubitatif. Bien entendu, il s'agit d'une volonté positive exprimée par le Parlement d'inciter le Gouvernement à traiter le problème du niveau qualitatif de l'instrument militaire national. J'espère, dans mon ignorance, que c'est aussi une invitation à s'occuper davantage de la politique de sécurité nationale, en vue de tenir compte des instabilités tant sur le continent européen que dans les régions du pourtour méditerranéen. Évidemment, la sensibilité dont font preuve les parlementaires dans leur quasi-totalité à ce sujet décidément complexe est la bienvenue. D'ailleurs, c'est justement le vote quasi unanime qui suggère que le vote a été plus émotionnel que médité.
En attendant, rappelons que l'engagement de porter les dépenses de défense à 2% du PIB d'ici 2024 avait déjà été pris par le Premier ministre intérimaire, Matteo Renzi, dans le cadre du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN de 2014. à Cardiff. Cet engagement collectif des pays européens était fortement souhaité (durée qualité, que vous pourrez utilisé , je dirais "presque imposée") par l'administration Obama.
Par conséquent, si l'Italie respecte généralement les engagements pris au niveau international, je m'attendrais à ce que (indépendamment du conflit russo-ukrainien et indépendamment des récents "encouragements" parlementaires) il soit déjà prévu de respecter cet engagement signé il y a huit ans et régulièrement reconfirmé dans la zone atlantique. Surtout, qu'il existe déjà une idée détaillée de "comment" utiliser ces ressources supplémentaires de la manière la plus rentable possible, quantitativement important et particulièrement précieux en période de grave crise économique nationale.
Je pense qu'il est utile de rappeler que peut-être l'aspect le plus important de l'engagement susmentionné pris en 2014 au sein de l'OTAN est qu'au moins 20 % des dépenses de défense (soit au moins 4 pour mille du PIB) d'ici 2024 il devra être dédié à "dépenses de défense pour de nouveaux équipements majeurs, y compris la recherche et le développement connexes " ou innovation dans le secteur de la défense (référence Déclaration du Sommet du Pays de Galles, art. 14), un point qui ne me semble pas avoir été repris de l'agenda parlementaire.
Par conséquent, les encouragements unanimes du Parlement sont les bienvenus, mais nous devons également avoir des objectifs et des priorités clairs.
En tant que militaire, j'ai toujours eu des soupçons quand j'ai entendu parler d'"augmentation" des dépenses de défense, mais je n'ai pas entendu parler d'"amélioration et de rationalisation" de ces dépenses en même temps. Personnellement, je crois que le problème ainsi que dans la "quantité" de la dépense réside dans la "qualité" de cette dépense.
Trop souvent en Italie, les dépenses de défense sont devenues un conteneur utile dans lequel puiser pour répondre à des besoins que peu ou rien n'avait avec l'amélioration des capacités opérationnelles de l'instrument militaire.
Déjà en 1930, Mussolini exhortait le ministre de la guerre Pietro Gazzera "Un programme de travaux... je veux dire des travaux, pas des armements ou des équipements,... afin d'employer une main-d'oeuvre importante" (réf. Massimo De Leonardis "Guerre froide et intérêts nationaux"). Les conditions décidément inadéquates dans lesquelles nos soldats ont affronté la Seconde Guerre mondiale sont aussi le résultat d'une telle mentalité !
En ce qui concerne les dernières décennies, on ne peut nier, par exemple, que le pourcentage substantiel de personnel de troupe placé en service permanent (c'est-à-dire avec des contrats permanents), un pourcentage supérieur à celui d'autres instruments militaires similaires en termes de taille et de fonctions, a été le fruit de considérations d'ordre professionnel plutôt qu'opérationnel (en tenant également compte du vieillissement progressif imparable de pourcentages inquiétants de nos rangs). Considérations certainement sacro-saintes d'un point de vue national général, qui pourtant aussi (comme celles de Mussolini en 1930) sacrifient l'apparence opérations des départements à d'autres personnes jugées d'un intérêt plus immédiat (« De toute façon la guerre ne se fera plus »).
De même, trop souvent la politique d'acquisition de systèmes, de moyens et d'équipements d'armes a été davantage dictée par la nécessité de faire fonctionner certains secteurs de l'industrie nationale en souffrance (parfois même jusqu'à l'acquisition de systèmes ou de moyens initialement destinés à l'exportation qui pourtant ils n'avaient pas trouvé l'approbation suffisante de la part du marché étranger).
Il faut aussi garder à l'esprit qu'en Italie une part substantielle des dépenses de l'Arma dei Carabinieri pèse sur la Défense, qui fonctions presque exclusivement policières (mis à part essentiellement quelques contingents de MSU engagées dans des opérations extérieures).
Par ailleurs, depuis trente ans, soit depuis 1992 (opération « Vêpres siciliennes »), des forces non indifférentes de l'armée sont engagées dans des fonctions d'appui aux forces de police (actuellement opération « Safe Roads »).
Il ne s'agit donc pas seulement de « combien » vous dépensez pour le secteur de la défense, mais de « ce que vous dépensez ».
Évidemment, il faut aussi éviter ces « guerres entre pauvres » indignes auxquelles on a assisté par le passé avec des chefs d'état-major qui, en s'appuyant sur telle ou telle composante de l'industrie de la défense nationale, tentaient de voler des fonds rares les uns des autres, opérant uniquement dans une perspective de force armée plutôt que de forces conjointes.
Cette approche doit définitivement être dépassée, car aujourd'hui une politique d'investissement tendant à augmenter la capacité de l'instrument militaire national doit nécessairement s'appuyer sur une véritable vision commune, qui laisse de côté l'égoïsme compréhensible d'une force armée. Egoïsme que l'on ne peut plus se permettre, à moins de vouloir se retrouver avec une sorte de Frankenstein aux pièces individuelles non compatibles entre elles mais en revanche avec le drapeau de l'armée "sponsor" planté dessus.
Certes, nous avons un avantage d'avoir en ce moment la chance d'avoir comme secrétaire général de la défense et directeur national de l'armement un officier décidément d'une grande expérience opérationnelle, inter-forces et internationale et d'une capacité exceptionnelle (le général Luciano Portolano). De plus, l'approche conjointe doit être structurelle et non contingente ou basée sur qui occupe une certaine position à un certain moment historique.
De même, bien qu'il soit essentiel pour le gouvernement de bien soutenir l'industrie de la défense nationale, il faut abandonner l'idée que les fonds sont destinés "nominalement" à la modernisation de la défense, avec la contrainte implicite qu'ils passent ensuite entièrement à l'industrie défense nationale, quelle que soit l'adéquation des produits qu'elle propose aux besoins de la défense nationale.
En ce qui concerne les systèmes d'armes aéronautiques, maritimes et terrestres, il est inutile de répéter que la coopération internationale avec d'autres grands acteurs européens doit être recherchée aussi longtemps que possible, également pour viser une interopérabilité élevée dans le contexte européen.
De plus, il faut toujours se rappeler que l'instrument militaire n'est pas seulement un ensemble inanimé d'avions, de navires, de chars et d'artillerie. Le point d'appui est toujours l'élément humain (d'abord, bien sûr, dans les forces terrestres mais aussi dans les composantes aéro-navales).
L'évolution technologique des systèmes d'armes ne diminue pas l'importance du facteur humain, au contraire, elle met encore plus l'accent sur la composante humaine. Composant qui doit être hautement qualifié, motivé et être formé en permanence.
Cela implique:
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Que tu devrais pouvoir en faire un sélection rigoureuse du personnel qui s'enrôlent (cela nécessite un grand nombre de candidats, et donc aussi que les conditions offertes, y compris les salaires, soient compétitives dans le cadre du marché du travail national) ;
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Que le personnel est techniquement formé sur des systèmes d'armes technologiquement complexes et qui est ensuite constamment maintenu à un niveau de formation adéquat. On ne peut ignorer que le problème de la disponibilité des zones d'entraînement en Italie est devenu extrêmement critique, à la fois pour des problèmes compréhensibles et inévitables liés à la forte urbanisation de notre pays, et pour un parti pris idéologique anachronique envers les militaires et leurs besoins de formation. ;
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Que le personnel, s'il n'y a pas de véritables urgences, n'est pas détaché en permanence pour des fonctions mortifiantes de leur professionnalisme et qu'ils ont peu à voir avec leurs fonctions en cas d'emploi dans une zone de conflit.
Par conséquent, l'augmentation des dépenses de défense est la bienvenue (ce qui, compte tenu de la situation économique dramatique de la nation, est un engagement qui ne peut être pris à la légère), mais avant même de décider de dépenser plus, engageons-nous immédiatement à dépenser mieux qu'au cours des dernières décennies en vue d'accroître les capacités opérationnelles de l'instrument militaire.
Photo : US Army / OTAN / Bundesarchiv / Armée italienne / Royal Air Force