Depuis plusieurs semaines, des nouvelles se font jour concernant l'éventuelle cession d'Oto Melara et de WASS, désormais intégrés dans la division défense de Leonardo, à Fincantieri (dans le meilleur des cas), Iveco (pour la partie terrestre) ou encore au groupe KNDS (France des Allemands Nexter et KMW) au pire.
J'ai travaillé pendant plusieurs années à Oto Melara en tant que chef de secteur pour l'Amérique du Sud et le Moyen-Orient. Je connais bien les produits et les personnes (aujourd'hui seulement les plus anciennes) qui travaillent dans cette usine fondée en 1905, et dont je connais l'attachement à l'entreprise et au territoire. Les produits, notamment ceux du domaine naval de moyen (76 mm) et gros (127 mm) calibres, sont à la pointe de la technologie et reconnus comme les meilleurs du marché.
Le nom Oto Melara est synonyme de « canon naval » dans toutes les marines du globe. Avec le développement des munitions "intelligentes" (qui dans de nombreux cas peuvent remplacer l'utilisation de missiles plus coûteux) pour les 76 et 127 mm (applicables également aux plus gros calibres comme le 155 mm), l'entreprise a conquis après 20 ans d'investissements un très secteur de niche important, avec un produit unique au monde.
En tant qu'officier de sous-marin, je connais aussi le WASS, acronyme de Systèmes sous-marins Whitehead Alenia, une autre réalité industrielle de niche née à Livourne comme Moto Fides à la fin des années 30, et l'excellence dans la production de systèmes sous-marins, de torpilles légères et lourdes. Eux aussi avec une présence importante parmi les joueurs entreprises internationales du secteur.
Le chiffre d'affaires des deux sociétés est d'environ 550 millions d'euros par an, avec environ 1.500 8.200 employés dans les différents bureaux (Spezia, Brescia, Livourne et Pozzuoli). Il serait donc légitime de supposer que les deux sociétés sont "stratégiques" pour les intérêts industriels et de défense de notre pays.Cependant, cela ne semble pas être le cas, compte tenu de l'évolution de la situation et des rumeurs d'une éventuelle vente. qui place le groupe franco-allemand KNDS (2.4 XNUMX salariés et XNUMX milliards d'euros de chiffre d'affaires) au premier plan, et cela signifie que les actifs à vendre sont de "délicieuses bouchées".
Depuis une dizaine d'années, on assiste à l'appauvrissement de certaines entreprises de défense de l'Etat. Il suffit de regarder la transformation de Finmeccanica en Leonardo, passant de 70.000 50.000 salariés à moins de 17.4 2011 et avec des commandes passant de 13.8 milliards (2020) à XNUMX milliards (XNUMX) et avec une augmentation de l'endettement financier net, malgré les cessions de filiales réalisées en le passé. Quelle est la vision stratégique qui anime ces changements ?
Dans le monde anglais, il y a le principe de « responsabilité » ou la responsabilité et l'obligation de répondre de quelque chose. Ici, elle est inexistante, avec les résultats que l'on voit depuis des décennies. Peut-être devrions-nous commencer à partir de là et réfléchir à ce qui n'a pas fonctionné ces dernières années.
Que veut faire le gouvernement de ces entreprises et de ce secteur important (maltraité) de notre économie ? Continuer à les vendre après les remaniements et acquisitions réalisés dans le passé à l'époque où les dirigeants consolidaient les entreprises plutôt que de les liquider pour lever des liquidités, voir DRS en 2008 ?
Il est également surprenant qu'une entreprise dans laquelle l'État détient une participation puisse entamer des discussions sur une éventuelle vente avec un groupe étranger, sans que le gouvernement (c'est-à-dire l'actionnaire majoritaire de Leonardo) en soit informé et ait donné des indications a priori pour la protection des droits nationaux intérêts stratégiques.
Ce qui manque, c'est une vision industrielle, non financière, stratégique, partagée et structurée au profit du pays. Et en ce moment, les seuls qui semblent avoir les idées claires sont la haute direction expérimentée de Fincantieri.
Fincantieri, rappelons-le, est la société qui, dans une démarche prospective, avait entamé en 2017 l'acquisition de 50 % des Chantiers de l'Atlantique (anciennement STX France) en reprenant les parts du coréen STX OSV mis en place pour vente par le tribunal de Singapour. Cette acquisition a ensuite été bloquée par le président Macron et le gouvernement français, qui avait qualifié l'acquisition de "erreur stratégique pour les risques pour l'occupation et la souveraineté française". Face à l'Europe...
Maintenant, Fincantieri pourrait, encore mieux dovrebbe, être le partenaire privilégié en cas de cession, compte tenu également de la consolidation dans le secteur de l'électronique (cf. acquisition d'IDS et non-acquisition de Vitrociset, bloquée par Leonardo). Et c'est ici que le gouvernement devrait, espérons-le, intervenir, pour éviter qu'Oto Melara et WASS ne tombent entre les mains des franco-allemands et pour s'opposer à leur offre à Leonardo, qui devrait être supérieure d'environ 200 millions d'euros à celle de Fincantieri. Et c'est le point : il ne doit pas s'agir uniquement d'une question d'argent. En effet, il doit s'agir d'une question d'intérêt stratégique, pour au moins permettre à Fincantieri de jouer un rôle toujours plus important dans le futur panorama de la défense européenne, avec Oto Melara et WASS en son sein. Mais avec des modèles économiques bien définis, avec une ingénierie et une production intégrées et une force de vente qui conduit à l'expansion de l'activité des systèmes navals à l'étranger, et celle à terre en synergie avec Iveco sur le marché national, profitant également de l'opportunité de jouer un rôle adéquat, et non par des ilotes, dans le programme du nouveau char européen.
photos: U.S. Navy / Défense en ligne / Ministère de la Défense