Curzio Malaparte
Éd. Adelphi
pp. 270
Il y a plusieurs années, dans un kiosque à Milan, j'ai acheté un vieux livre avec une colonne vertébrale décolorée, le titre disait: Technique du coup, auteur: Curzio Malaparte.
Plusieurs années plus tôt, j'avais entendu parler de Malaparte par un ami. Je ne me souvenais pas du sujet de la discussion à l'époque, mais j'ai pensé à aller plus loin, alors j'ai acheté le livre et je l'ai lu immédiatement.
Mais qui était Curzio Malaparte?
Curzio Malaparte (1898-1957) s'appelait en fait Kurt Erich Suckert. Il est né à Prato d'une mère italienne et d'un père saxon. Il était écrivain, essayiste, journaliste et militaire!
Au début de la Première Guerre mondiale, Curzio n'avait que seize ans mais a décidé de partir pour la guerre et l'a fait en s'enrôlant dans la Légion Garibaldina.
En 1915, il s'enrôle dans l'armée royale en tant que fantassin où il est nommé sous-lieutenant et participe à divers exploits de guerre en Italie et en France où il est décoré d'une médaille de bronze pour la bravoure militaire.
Immédiatement après la guerre, il publie son premier livre: Vive Caporetto! dans lequel il a vivement critiqué la conduite de la guerre par l'état-major.
Dans les publications 1931 Technique du coup. Dans l'introduction, je suis frappé par une phrase:
"Ce qui défend toujours la liberté de se défendre".
Malaparte poursuit en disant: "Je déteste mon livre. Je déteste de tout mon cœur. Il m'a donné la gloire, ce pauvre qui est gloire, mais aussi combien de misères. Pour ce livre, j'ai connu la prison et l'emprisonnement, la trahison d'amis, la mauvaise foi des adversaires, l'égoïsme et la méchanceté des hommes. De ce livre est née la stupide légende qui fait de moi un être cynique et cruel, une sorte de Machiavel à la place du cardinal de Retz: quand je ne suis qu'un écrivain, un artiste, un homme libre qui souffre plus des maux d'autrui que de propre."
Je voulais signaler ce qui est l'introduction du livre parce qu'il m'a beaucoup frappé.
Comment un auteur peut-il vraiment détester son propre livre?
On peut le comprendre si l'on considère les conséquences que la publication du livre a eu sur sa vie. En raison du livre, ou plutôt des idées qui y sont clairement exposées et de ses considérations sur les hommes puissants de l'époque, Curzio Malaparte a été persécuté à vie.
Technique du coup apparu à Paris dans le 1931 et connut immédiatement un succès extraordinaire. Selon l'auteur, l'histoire politique de l'époque (1920 - 1930) n'est pas ce que l'on pense communément, ce qui s'est passé sur la scène politique européenne, pour lui, ne dépend pas de l'application du traité de Versailles ni des conséquences économiques de la guerre qui vient de s'achever , ni la volonté des gouvernements européens de maintenir la paix si chèrement retrouvée. Malaparte déclare qu'au niveau politique, il y avait une lutte entre deux grandes factions. D'une part les défenseurs du principe de liberté et de démocratie (en faveur de l'État parlementaire, libéral et démocratique), d'autre part ses ennemis, fascistes et communistes.
"La gauche catilinari vise à conquérir l'État pour établir la dictature de la classe prolétarienne ..."
"Les catilinari de droite craignent le danger de désordre: ils accusent le gouvernement de faiblesse, d'incapacité et d'irresponsabilité ..."
Il me semble reconnaître encore aujourd'hui chez certains de nos politiciens l'application de la même thèse!
Qui était Bela Kun? Et Kapp, Pilsudzki et Primo De Rivera? Trotzki et Bauer?
L'histoire est vraiment pleine de gens qui ont marqué l'histoire, mais le temps passe et les gens sont souvent oubliés.
L'histoire est notre passé, notre présent, notre avenir! Le savoir et s'en souvenir est notre devoir, c'est notre devoir ...
Technique du coup c'est un livre à ne pas manquer dans la bibliothèque d'un universitaire.
Bonne lecture
Alessandro Rugolo