Alors que les pourparlers de paix commencent parmi mille difficultés à construire un avenir pacifique pour la Syrie, la confusion règne dans les gouvernorats près de la frontière avec la Turquie. Le front rebelle islamiste, formé par une galaxie de groupes armés, a en effet été morcelé générant une guerre interne entre groupes rivaux.
On voit bien avec ordre.
Jusqu'à présent, la seule friction entre les djihadistes opérant en Syrie était celle entre l'État islamique et les miliciens fondamentalistes opérant dans le nord qui ont répondu à l'entente unique de Jaish al Fatah, l'infâme Armée de conquête, constituée et armée par l'Arabie saoudite et la Turquie. Dans la ville d'Alep, une aide à l'alliance a été Fatah Halab (Conquête d'Alep) que le cartel a partagé la bataille contre les troupes d'Assad. Il y a donc depuis des mois une situation pour le moins enchevêtrée et parfois paradoxale: des rebelles armés islamistes, kurdes, turcs et syriens se sont battus contre l'Etat islamique; les djihadistes, cependant, ont continué à combattre principalement l'armée syrienne et les Kurdes, même si l'alliance entre ces derniers était limitée au secteur d'Alep; les Turcs engagés contre l'Etat islamique ont en fait opéré contre les Kurdes, rompant à leur tour avec les forces gouvernementales dans les régions du nord-est; les forces gouvernementales engagées contre les rebelles et l'Etat islamique ont maintenu le gel avec les Turcs et les Kurdes, tous deux actifs en Syrie contre la volonté officielle de Damas.
Avec la reconquête syrienne d'Alep, le front islamiste uni a commencé à craquer: l'objectif commun, c'est-à-dire résister aux gouvernements, est apparu, les fissures sont apparues.
C'était en fait l'intervention de la Turquie dans l'opération Bouclier de l'Euphrate rompre définitivement l'équilibre sur le terrain. Tout commence au cours de l'été 2016. L'offensive massive d'Ankara en Syrie, officiellement dirigée contre l'Etat islamique (visant en fait à réduire la taille des Kurdes), a permis à Erdogan de se présenter à la table des négociations en tant que protagoniste. Le prix à payer était de couper les ponts avec cette partie des milices islamistes qui ne souhaitaient pas dialoguer et n'étaient pas directement liées aux intérêts turcs dans la région.
La conséquence la plus importante s'est matérialisée ces jours-ci: le groupe islamiste salafiste Jabhat Fatah Al Sham (les anciens filoturchi de Al Nusra, Branche syrienne de Al-Qaïda), avec au moins des miliciens 15.000, a lancé une offensive militaire de style contre Ahrar al Sham, un autre groupe salafiste financé par l'Arabie saoudite mais étroitement lié à Frères Musulmans puis à la Turquie d'Erdogan. Certaines factions du Armée syrienne libre, également en route avec Jabaht Fateh al Sham. À cet égard, il convient de rappeler que la Armée syrienne libre, largement réduit au fil des ans, en tant que centre d'accueil pour les déserteurs d'Assad, a fini par être une épaule turque dans l'offensive contre l'Etat islamique, et plus généralement dans la pénétration du nord de la Syrie.
Il y a seulement quelques jours, ils l'ont annoncé Fatah de Jabaht l'expulsion d'une branche djihadiste liée à Al-Qaïda (Jund al-Aqsa) en raison de désaccords liés à la suprématie interne.
Dans les semaines à venir, des innovations militaires et une nouvelle détérioration des relations entre factions islamiques rebelles sont à prévoir. Tout est lié à une évolution politique désormais inévitable: tous les sujets qui ont opéré jusqu'ici plus ou moins librement en Syrie ne pourront pas faire partie de son avenir. Sans la bénédiction de la Turquie, dans les pourparlers avec la Russie et indirectement avec l'Iran, pour beaucoup, il n'y aura plus d'espace.
(photo: web /Türk Kara Kuvvetleri)