En guise d'introduction, le chiffre des dépenses militaires de l'Algérie est suffisant: en 2011, le pays arabe a investi 6,5 milliards d'euros pour relancer son système de défense, devenant ainsi le premier sur le continent africain.
Le potentiel militaire d'Alger fait impression. Les contrats conclus en Allemagne et en Russie sont clairs: il y a des accords de 10 milliards d'euros à Berlin en dix ans pour la fourniture de véhicules, de véhicules blindés et de frégates. Avec Moscou, l'approvisionnement se développe: il y a 2 sous-marins, environ 60 hélicoptères (combat et transport), 500 wagons T-90 et environ 32 entre Sukhoi 35 et Sukhoi 400. A cela s'ajoute la prochaine livraison de batteries anti-aériennes S-XNUMX.
Les chiffres (fournis par SIPRI) parlent d'eux-mêmes: le Maroc s'installe en deuxième position avec 4 milliards, également alloués grâce à la coopération navale avec l'OTAN qui a rendu nécessaires de nouveaux investissements pour la Marine Royale (un demi-milliard d'euros aux Pays-Bas pour 3 frégates).
L'Afrique du Sud avec son budget de 3,7 milliards d'euros et l'Angola qui ont consacré entre 2001 et 2011 2,8 milliards d'euros à ses forces armées, avec une croissance de 2000%, sont également remarquables.
Compte tenu des près de 4 milliards dépensés par l'Égypte, universellement considérée comme la première puissance militaire africaine, et le Soudan avec ses 2 milliards d'euros, au premier impact c'est l'Afrique arabo-méditerranéenne qui se démarque.
Les frictions historiques entre le Maroc et l'Algérie et les inquiétudes sur la stabilité interne résultant des ressorts arabes, seraient le moteur d'une course aux armements en perpétuelle relance.
En réalité, les données géopolitiques les plus importantes proviennent des pays d'Afrique subsaharienne, où les budgets sont nettement inférieurs mais les risques de guerre plus élevés. À l'exception de l'Afrique du Sud susmentionnée, seul le Nigéria, avec ses 1,6 milliard par an, est en concurrence internationale. Le Kenya, l'Éthiopie et le Tchad suivent avec des investissements entre 700 et 500 millions par an. Si les dépenses de navires, de wagons et d'avions de haute technologie pèsent sur les budgets des pays du Maghreb, la quantité d'armes légères qui circule du Sahel vers le bas est pourtant impressionnante.
En République démocratique du Congo, où en fait la guerre civile n'a jamais pris fin, malgré l'embargo de 2011, la circulation des armes légères est pratiquement hors de contrôle. Pour l'alimenter, il y aurait les arsenaux fournis par la Belgique, «grand frère» historique du pays. Les troupes régulières et les groupes rebelles des régions orientales auraient un accès direct et indirect.
Sans moralisations hypocrites, tout le monde sait que l'Afrique est un marché attractif pour les grands, moyens et petits fournisseurs. Alberto Sordi nous l'a rappelé dans Tant qu'il y a la guerre, il y a de l'espoir. La Russie, les États-Unis, la France, la Chine, l'Allemagne, mais aussi l'Italie, l'Ukraine, l'Israle et la République tchèque font des affaires d'or sur le continent. Ce n'est pas une nouveauté mais une tendance croissante depuis les années 60, une décennie d'émancipation formelle pour la plupart des pays africains.
Cependant, une réflexion serait nécessaire à la lumière du cadre géopolitique, profondément évolué au cours des vingt dernières années. Il y a trois facteurs à garder à l'esprit qui font que la situation actuelle est tout simplement inquiétante:
- La pénétration islamiste dans la ceinture sub-saharienne, de l'Atlantique à la Corne de l'Afrique est un fait incontestable. Jusqu'à hier, de nombreux pays à l'abri des tensions politiques fomentées par les "questions religieuses" battent actuellement leur plein. Les armes qui circulent sur le continent, jadis utiles pour alimenter les guerres et les guérilleros dans la logique de la guerre froide, où finissent-elles aujourd'hui? Au risque lié à la course au réarmement, se pose la question de la fiabilité des interlocuteurs. Hier, nous avons sous-estimé l'insurrection islamique dans la ceinture entre le Sénégal et la Somalie, transformant le Sahara en l'un des endroits les moins sûrs de la planète; que se passera-t-il demain?
- les arsenaux bien approvisionnés de dissous Jamahiriya Kadhafi a inondé l'Afrique d'une quantité effrayante de systèmes d'armes. Les crises au Mali, au Tchad, en République centrafricaine, au Niger et en Côte d'Ivoire sont étroitement liées à cet afflux;
- des institutions africaines stables voulaient. Un demi-siècle après le début du processus d'indépendance de la majorité des États africains, il est encore difficile de trouver des exemples de démocraties consolidées et de systèmes organiques capables de se projeter au-delà des durées illimitées des mandats présidentiels.
L'avenir est donc tout noir?
Les conditions préalables sont réunies et l'on se demande si les armes sont compatibles avec la stabilité économique, institutionnelle et sociale ou si elles sont en quelque sorte le principal obstacle.
Difficile à dire. L'Afrique a besoin de tout sauf plus d'essence en feu, c'est vrai; Cependant, il y a des cas, comme la Namibie, où le budget de la défense a augmenté de 70% en cinq ans, sans compromettre l'un des rares exemples de solidité et d'équilibre politique sur le continent.
Il y a encore un long chemin à parcourir. Ce qui paraît urgent, c'est que, nette des apports extérieurs, l'Afrique commence à se garantir une véritable voie d'émancipation.
(Photo: Armée nigériane - Armée de terre du Tchad)