Syrie, l'armée turque avance au prix fort: 25 est décédé depuis le début de "Bouclier de l'Euphrate"

(Pour Giampiero Venturi)
22/12/16

Les nouvelles en provenance du front nous informent de l'évolution de la situation militaire, mais elles en disent long sur ce qui se passe actuellement en Syrie d'un point de vue politique également.

L'armée turque et les rebelles soutenus par Ankara avancent vers le bastion de l'Etat islamique d'Al-Bab, après de violents affrontements avec les milices du califat. Al-Bab est considéré comme le dernier bastion de l'État islamique au nord de la Syrie et revêt une importance stratégique: à moins de 50 km d'Alep et autour de 180 de Raqqa, il est situé au cœur de la région disputée entre Kurdes, rebelles islamistes et milices. ISIS.

L’approche d’Al-Bab témoigne de la profondeur atteinte par les forces turques, qui atteint maintenant 25 km en territoire syrien. Cependant, cette avance coïncide avec l’augmentation significative des pertes: l’armée turque aurait admis la mort de soldats de 25 depuis le début de l’opération. Bouclier de l'Euphrate, arrivé à son quatrième mois. Les pertes matérielles ont également été considérables, notamment en ce qui concerne les chars et les véhicules blindés.

Le retrait éventuel d’Al Bab serait le début de la fin de l’État islamique, poursuivi par des milices kurdes sur le même secteur le long de la ligne nord de Raqqa, à environ 60 km de la ligne de front.

Malgré le dynamisme au sud dont témoignent la reconquête de Palmyre et les tentatives d'expansion vers l'ouest en direction de Homs, le califat apparaît de plus en plus menaçant. La seule source de survie qui alimente ses capacités militaires reste le flux de renforts provenant du gouvernorat irakien d’Al Anbar, non contrôlé par les milices chiites, comme c’est le cas dans le secteur le plus au nord du front de Mossoul. Des armes, du matériel et des miliciens (y compris de nombreux anciens officiers irakiens expérimentés) continuent d'arriver avec l'aide logistique de l'Arabie saoudite, effrayés par une possible suprématie chiite en Irak.

Bouclier de l'Euphrate par conséquent, elle se poursuit et reste officiellement une opération militaire de durée limitée destinée à protéger la frontière turque contre les incursions terroristes de l'État islamique. Les lourds affrontements de ces jours semblent le confirmer, mais les données pertinentes sont sous les yeux de tous. La profonde pénétration des Turcs en Syrie sert à équilibrer et à neutraliser la croissance politique (et militaire) des Kurdes liée à un éventuel effondrement de l'Etat islamique sur le front nord-est.

Ankara, qui avait favorisé l’évacuation des militants rebelles d’Alep avec les accords conclus avec la Russie, a eu pour le moment toute latitude pour poursuivre ses opérations. Damas, qui a remporté la victoire à Alep, accepte tacitement, notamment parce que la forte pression exercée sur Al-Bab permet de relâcher l'Etat islamique sur le front de Palmyre, destiné tôt ou tard à revenir sous le contrôle du gouvernement.

Dans ce jeu d'échecs, la seule pensée d'Ankara semble être celle de consolider sa présence militaire en Syrie, se protégeant ainsi de toute défaillance du pouvoir laissé par le gouvernement syrien une fois la guerre terminée. Sous la pression, en particulier à cause de la récente attaque de l'ambassadeur de Russie, le gouvernement turc est maintenant accrédité auprès de la communauté internationale, ce qui constitue une preuve flagrante de son engagement contre ISIS, la plate-forme mondiale du terrorisme fondamentaliste.  

(Photo: Türk Kara Kuvvetleri)