Malgré les intentions officielles de Bouclier de l'Euphrate, les nouvelles du terrain confirment ce qui a été annoncé par Défense en ligne au cours des derniers mois. Le porte-parole du Türk Hava Kuvvetleri, Ankara Air Force annonce que des avions turcs inconnus ont touché des cibles 26 GPJ (Unité de protection populaire), la composante la plus importante du SDF (Forces démocratiques syriennes), Des milices kurdes opérant dans le nord-est de la Syrie.
L'attaque a été conclue jeudi matin 20 octobre, mais la vidéo montrant les images des bombardements n'a été fournie par l'état-major turc qu'aujourd'hui.
Selon Ankara, tous les objectifs auraient été atteints et tués autour des miliciens 200. L'agence kurde Anha lié à GPJ parle de trois villes affectées mais confirme que 15 est mort.
La Turquie considère les guérillas kurdes syriennes comme celles des PKK et les aborde avec le terme générique de "terroristes". Aucun autre détail n'a été fourni sur l'action menée au nord-est d'Alep dans les limites du gouvernorat homonyme.
Le département d'État américain s'est immédiatement éloigné de l'opération, déclarant que "Toute action entreprise dans la région sans coordination ne peut que bénéficier à l'État islamique".
Damas proteste également officiellement contre l'initiative turque, considérée comme une violation de l'espace aérien et se déclarant prête à abattre "Tout autre avion de l'OTAN non autorisé" qui déborde sur le territoire syrien. Malgré la note officielle du ministère de la Défense, il est facile de deviner, cependant, qu'une réduction du potentiel militaire des Kurdes est également utile au gouvernement Assad.
Les Kurdes du GPJ ils représentent l'aile militairement la plus cohérente du cartel SDF (soutenu par les États-Unis et composé de nombreux groupes, y compris des miliciens arabes) et ces jours-ci, ils sont engagés dans une confrontation directe avec les fondamentalistes de l'Etat islamique, mais en même temps, ils luttent contre les groupes islamistes rebelles armés de Turquie qui opèrent près de la frontière turco-syrienne.
Au centre de l'idéologie qui a fédéré les différentes composantes du paysage kurde, il y a l'approche anti-fondamentaliste et laïque qui converge vers une vision fédéraliste de la Syrie, dans laquelle insérer la région du Rojava. La Turquie, dont le ton avec Washington a augmenté depuis que l'aide américaine aux Kurdes est devenue abondante, a clairement pour objectif d'empêcher les liens territoriaux entre les Kurdes syriens et les groupes armés des PKK actif sur son territoire et contenir les ambitions d’indépendance.
Ainsi, nous assistons à la curieuse situation d'un tout contre tous (islamistes et islamistes kurdes contre l'Etat islamique, kurdes contre islamistes philippins) dans laquelle les dommages collatéraux pour la population civile augmentent de façon exponentielle.
La Turquie, indépendamment des avertissements occidentaux, poursuit ses opérations militaires et considère chaque action comme une conséquence des attaques terroristes perpétrées sur son territoire (en particulier la province de Hatay). La veille du bombardement des postes GPJ, l'armée turque avait soumis à un intense barrage d'artillerie la ville syrienne d'Afrin, distante d'environ 20 km de la frontière.
Pour comprendre l'évolution de l'intervention turque et ses implications réelles à l'échelle régionale, elle sera déterminante pour l'issue de la bataille finale d'Alep, dont la libération par les forces armées syriennes entraînerait une réorganisation immédiate des équilibres dans le nord-est de la Syrie et par conséquent dans tout le pays.
(Photo: Türk Hava / Kara Kuvvetleri)