Syrie: pas de pitié pour ISIS. Les forces loyalistes avancent sans prendre de prisonniers

(Pour Giampiero Venturi)
02/09/17

Les dernières dépêches parlent d'une contre-offensive de l'Etat islamique à Bag of Hama, où la milice du califat est maintenant encerclé, utilisent également des femmes et des enfants pour des attentats-suicides contre les forces syriennes. Les affrontements les plus durs ont lieu à Uqayrbat, la dernière forteresse islamiste du centre de la Syrie qui doit tomber dans les prochaines heures.

Le front décisif reste cependant la zone de Deir Ezzor, avec les Syriens à moins de 50 km de l'Euphrate et de la capitale tant désirée assiégée par les hordes de l'Etat islamique. Entre la ville d'Al Sukhna et Deir Ezzor continue à rassembler des troupes en vue de ce qui devrait être la bataille décisive pour l'issue de la guerre.: avec les Irakiens qui continuent de libérer les zones à l'ouest de Mossoul près de la frontière syrienne, le gouvernorat de Deir Ezzor est en fait la dernière bande de territoire organisé et structuré qui était autrefois l'État islamique auto-défini.

Alors que Damas ferme les fronts dans la partie centrale du pays, des troupes fraîches et paramilitaires sont envoyées à l'est, laissant aux départements territoriaux (notamment les Forces de défense nationales) le "nettoyage" et la sécurisation des zones libérées. Comme il est facile de le prévoir, il ne faut pas s’attendre à trop de clémence dans la neutralisation des dernières poches islamistes. L'augmentation de la violence est due à la résistance incroyablement tenace des milices du califat et à la colère profondément enracinée dans la population pendant six ans d'atrocités indicibles.

En ce qui concerne ce thème, le rôle des milices locales aux côtés des départements syriens réguliers doit être explicitement mentionné. L'état-major général de Damas confie aux clans tribaux situés à l'est une partie considérable de l'effort de guerre, exploitant la connaissance du territoire et surtout le désir de racheter les peuples autochtones. Il convient de mentionner la communauté Shaitat qui, au cours de l'été de 2014, a été l'un des plus grands massacres du conflit, qui a été retracée par les médias occidentaux: entre 700 et 900, des civils ont été décapités ou crucifiés par des terroristes. Des sources locales ont annoncé que le moment venu, la vengeance de Shaitat contre les milices de l'Etat islamique serait terrible. 

La violence et les atrocités commises dans le conflit syrien font déjà partie des décomptes d'après-guerre, qui à certains égards ont déjà commencé. Pour l'instant, la communauté internationale s'est surtout mobilisée pour identifier les responsabilités loyalistes. Il est curieux de constater, par exemple, que l’Union européenne n’a pour le moment pris des mesures juridiques qu’à l’encontre des généraux syriens pour des violences présumées commises au début de la guerre. Avec la confrontation prévisible dans les mois à venir contre les miliciens de l'Etat islamique, de nouvelles mesures contre Damas ne peuvent être exclues.

En attendant, la guerre continue.

Dans l'offensive susmentionnée à Deir Ezzor, Les forces aériennes russes jouent un rôle décisif, arrive à environ missions 30.000 pour les attaques 90.000 contre des cibles de l'Etat islamique en deux ans de guerre. En ces heures, les avions de Moscou continuent de se concentrer sur les infrastructures et les convois de ravitaillement du califat, faisant un balayage en vue de l’arrivée des forces terrestres syriennes.

En quelques heures à peine, les Sukhoi 48 et 34 engagés sur le front oriental détruiraient des pétroliers 35, indispensables à la survie du califat. Mais la bataille est encore longue, essentiellement à cause des canaux d'approvisionnement qui arrivent du sud (gouvernorat d'Anbar en Irak et de la frontière jordanienne) jusqu'à l'État islamique. Dès la tranche de la frontière syro-jordanienne non encore contrôlée par les loyalistes (la région bien connue d'Al Tanf), nous parlons de la vente fructueuse d’armes au Califat par des milices liées à la galaxie Armée syrienne libre. La nouvelle n’est pas surprenante, mais elle confirme que l’avenir de la Syrie et l’équilibre géopolitique qui en découlera continueront d’intéresser de nombreuses personnes.

(photo: SAA)