L'exploration, parfois dans le langage courant compris comme reconnaissance, a toujours représenté une activité - que l'on pourrait qualifier de "préliminaire" - visant à constater "sur le terrain" l'existence d'éléments de la situation détectés lors de la phase d'étude d'un contexte spécifique et/ou à en acquérir de nouveaux, afin permettre au décideur d'utiliser au mieux (en termes de "coût/efficacité") les ressources disponibles pour atteindre un objectif précis.
A une certaine époque, sur les champs de bataille, les formations militaires chargées de mener à bien cette tâche étaient appelées «avant-gardes», destinées à opérer sur le front des soi-disant «grands», dans le but d'assurer la ligne de commandement, dans le temps le plus court possible, avec des informations sur l'entité, la localisation, la nature et l'attitude (EDNA) de l'ennemi, de manière à pouvoir confirmer le plan d'opération établi "à table" ou, après avoir constaté l'écart, faire le nécessaire " corrections" à la manœuvre (gestion de l'espace de combat).
Dans l'armée italienne, les unités Cavalerie de ligne, sont des unités qui ont historiquement réalisé et réalisent toujours en prioritéExploration tactique terrestre (ETT) au profit des grandes unités élémentaires (brigades) et complexes (corps d'armée).
L'ETT est essentiellement conduite de deux manières, celle "par furtivité" (caché) et/ou "par le feu" (combat), remplissant la fonction de découverte de l'environnement (y compris les facteurs anthropiques) et comme un "supplément de protection holistique" ; plus précisément, il exerce les activités suivantes :
- surveillance et recherche (« dominance cognitive »), dans un espace (également en environnement CBRN) d'environ 10 à 25 km². de la ligne amicale ;
- identification et détermination des objectifs et accompagnement du cycle « ciblage » ;
- engagement, uniquement si nécessaire et pour une durée limitée.
Aujourd'hui, le grand dynamisme de la scène internationale et la mutabilité complexe des menaces exigent de l'instrument militaire terrestre qu'il mette en place un processus d'adaptation continue pour garantir une réponse opérationnelle adéquate. Parmi les éléments de ce processus émerge le besoin / la nécessité de rendre plus efficace la capacité "d'engager" l'ennemi avec un timing et une précision plus efficace (également dans le cadre d'opérations joint et / ou combiné) et donc de "découvrir" sa "posture" avec autant de minutie que de justesse.
Actuellement, la plupart des ressources ISR (Renseignement, Surveillance et Reconnaissance) terrestres sont simplement des collecteurs de données brutes, qui nécessitent, pour comprendre et initier le processus décisionnel, des temps d'évaluation qui ne correspondent pas toujours au « timing opérationnel » (ce que l'on appelle le « rythme de la bataille ») . Il s'ensuit que les unités d'exploration afin de répondre aux nouveaux défis obligatoires doivent nécessairement pouvoir disposer de véhicules légers/moyens, armés et protégés avec de meilleures performances, être équipés d'une large gamme de capteurs (ex : mini drones, etc.. .) capable de fournir "En temps réel" à un système décisionnel de haut niveau (Centre de fusion) une variété d'informations (par exemple : détection, classification de la cible probabiliste, géolocalisation, trajectoire surveillée, classification du comportement probabiliste, etc...) qui permettent d'engager le processus de prise de décision de manière efficace et opportune, ce qui peut empêcher l'adversaire de prendre même des mesures surprises et d'exercer sa puissance de combat.
En ce qui concerne les capteurs, je voudrais enfin m'attarder sur l'utilisation des drones commerciaux utilisés de manière très répandue dans le conflit actuel en Ukraine. Des sources médiatiques ont fait état de l'utilisation de petits drones commerciaux pilotés par des Ukrainiens sans formation spécifique et transportés dans des conteneurs de la taille d'une valise, pour surveiller les mouvements des troupes russes et leur tendre une embuscade.
Valerii Iakovenko, fondateur de la société ukrainienne de drones "DroneUa", a rapporté dans une récente interview que "Les drones ont changé la guerre, ils sont utilisés pour des opérations de renseignement, pour collecter et transférer des données sur les mouvements ou les positions des troupes ennemies, pour corriger les tirs d'artillerie, pour des actions de contre-sabotage et, bien sûr, de recherche et de sauvetage. ... le Les forces ukrainiennes emploient plus de six mille drones pour la reconnaissance... les appareils sont capables de se connecter à Starlink, le système satellite d'Elon Musk, pour télécharger les vidéos...".
L'utilisation intensive de ces capteurs, si elle est confirmée, représente un fait sans précédent qui nécessite une réflexion sur l'utilisation de ces types d'appareils commerciaux qui, face à un faible coût, fourniraient un rendement élevé à des fins de supériorité dans le domaine d'informations, ou pour mieux comprendre et surtout avant l'adversaire ce qui se passe dans la zone d'opérations, et acquérir ainsi un "avantage", parfois décisif, au combat.
gén. ré. (aux.) Carmelo Cutropia
Photo: Armée italienne