Depuis le début de l'agression russe contre l'Ukraine, des communications ont suivi qui tendaient à diminuer le rôle de Moscou dans la guerre, à justifier l'agression subie par Kiev, à encadrer l'invasion d'un pays indépendant comme une sorte de droit à un territoire d'influence. Certains sont même allés jusqu'à troubler l'histoire, avec des lectures idéologiques et trompeuses, pour étayer les revendications russes.
Rien de nouveau, la désinformation a toujours existé: de Napoléon "taillé en pièces par les Cosaques", ai Protocoles des Sages de Sion répandre la haine envers les Juifs, jusqu'à la terre plate ou les théories du "nous ne sommes jamais allés sur la lune". Mais c'est dans le contexte des conflits armés que la désinformation a développé les techniques les plus subtiles et les plus envahissantes.
Aux côtés de chaque guerre menée sur le terrain chaque concurrent développe toujours une guerre parallèle, Basé sur la communication. Essayer de dire "sa" vérité, ou vérité présumée, a donc toujours été un exercice très pratiqué, à n'importe quelle période historique.
Déjà à l'époque de Sun Tzu, la propagande jouait un rôle important, sinon décisif, dans le déroulement du conflit. Un rôle aujourd'hui amplifié par les moyens de communication modernes (télévision, radio, internet) et par réseaux sociaux (facebook, twitter, whatsapp, instagram, télégramme, etc…). Une diffusion qui permet à la propagande de pénétrer profondément et globalement dans le tissu social et dans l'esprit des masses, en essayant de façonner leurs opinions.
Dans la guerre moderne, je réseaux sociaux, dépourvus de filtres substantiels, deviennent donc des acteurs importants capables de véhiculer la propagande des belligérants. UN défini comme une guerre "hybride", précisément en raison de la présence et de l'utilisation d'instruments "non conventionnels", ce qui le rend différent des précédents, car il est combattu à la fois avec des armes et avec l'utilisation intensive de la communication.
La propagande est la forme de communication la plus répandue, une activité qui utilise des informations vraies ou de fausses nouvelles, délibérément et savamment élaborées, afin de façonner l'opinion publique, en l'attirant vers ses propres positions/idéologies. Cependant, les informations fausses ou idéologiquement déformées doivent être diffusées avec prudence car, pour obtenir l'effet escompté, elles doivent être crédible. En fait, la vraie propagande n'est pas constituée de nouvelles complètement fausses, mais principalement d'éléments vrais et vérifiables, car le but de la propagande est de pouvoir échanger une partie contre le tout. (lire l'article"Guerre et propagande»).
De plus, pour amplifier la narration de la propagande, des personnages peu scrupuleux ont toujours été utilisés pour diffuser les messages. Des personnages parfois corrompus, mais le plus souvent ce sont des individus incompétent qui, dépourvus de toute capacité d'analyse, ont l'habitude de s'abreuver aux sources empoisonnées de la désinformation.
Ceux qui sont plus connus appartiennent à cette deuxième catégorie "idiots utiles". Une définition qui semble avoir été inventée par Lénine, pour décrire ces journalistes et voyageurs occidentaux qui ont soutenu l'Union soviétique et sa politique en Occident (sic !). En un mot, c'est des personnages manipulés qui, convaincus d'exprimer leurs propres idées, ne font au contraire que répandre récit de propagande. Ce sont généralement des individus naïfs, incompétents et profondément idéologiques, incapables de toute pensée critique, peu considérés même par ceux qui génèrent le message de propagande.
Pour mieux comprendre le phénomène, il suffit de revoir la vidéo de cette dernière année, concernant les événements en Ukraine. Un nombre de blogueur et d'"analystes" (ou présumés tels) se sont, de fait, prêtés à être porteurs (comment inconscients ?) et caisses de résonance de la désinformation russe, en faisant circuler des articles, la poste et des « analyses » géopolitiques convenablement élaborées en extrayant des informations (empoisonnées) « ...des contenus émanant de médias et d'institutions proches du Kremlin, afin d'orienter l'opinion publique... »1.
Ce travail de relance et d'amplification du contenu de la désinformation de Moscou, qui se poursuit malheureusement, se caractérise au niveau international par une rhétorique accusatrice constante contre l'Occident, visant « …présenter Moscou comme un acteur responsable, dont la sécurité est menacée par l'expansion et les activités militaires de l'OTAN ; l'attribution de la responsabilité de la crise en cours à l'OTAN et à l'Occident, accusés de ne pas tenir compte des exigences sécuritaires légitimes de la Russie ; désignent le gouvernement de Kiev comme illégitime et dominé par l'Occident, ainsi que coupable de violations massives des droits de l'homme dans le Donbass… »2.
ces idiots utiles, bref, ils tentent de transformer la narration en une sorte de "fait historique" irréfutable, tentant d'instiller un sentiment d'angoisse dans l'opinion publique. Pour cette raison, il peut arriver de lire des articles dans lesquels ils tentent de discréditer, par exemple, les capacités militaires haut de gamme occidentaux, en leur présentant tout court comme inefficace face aux outils très modernes de l'adversaire du moment qui disposerait au contraire d'armes capables de détruire, par exemple, tous les porte-avions américains où qu'ils soient et en une seule fois.
Ces fins observateurs de noantri, avec un ego hypertrophié et des compétences moins qu'élémentaires, ils ne se rendent pas compte que leurs "opinions" ne sont que le produit de la manipulation d'autrui, ce qui en fait des "répéteurs" dociles de la propagande, et qui conduit souvent l'auteur à croire en le récit qu'il soutient. Ce n'est pas un hasard si ces analystes incompétents se signent souvent de pseudonymes, puisqu'ils n'ont même pas le courage d'y mettre leur visage.
Le vrai problème est que ces incompétents sont dangereux : en eux-mêmes tentative déférente de soutenir des causes ou des positions qui sont également contraires à ses intérêts, il est possible que leur réalité déformée soit reprise par d'autres, ajoutant à la malheureuse coterie. La tendance actuelle au partage sur réseaux sociaux par des utilisateurs désireux d'en obtenir comme, mais qui n'ont aucune connaissance des événements permet une diffusion rapide et généralisée de la propagande. Les plus vulnérables sont ceux qui ne s'informent pas régulièrement auprès de multiples sources faisant autorité, offrant un terrain très fertile à la manipulation par ces informations déformées.
Il y a toujours eu des idiots utiles et, malheureusement, il y en aura toujours, mais chacun de nous peut faire en sorte que le désinformation ne parvient pas à atteindre les objectifs souhaités. Il est avant tout indispensable vérifier les titres et la crédibilité de l'auteur e Méfiez-vous toujours de quiconque ne signe pas de son propre nom. Ensuite, il est essentiel en savoir plus sur l'actualité, lisez l'intégralité de l'article (ou l'analyse) et ne vous arrêtez pas au titre. Enfin, vérifier les informations rechercher des confirmations (ou démentis) d'autres sources indépendantes ou d'autres auteurs. On peut tout faire (ou presque) avec un simple cliquez, faisons-le.
Trois petites, mais importantes, étapes pour éviter de tomber dans le piège tendu par les idiots utiles et les désinformation, ce qui nous ferait mettre en gage dans un véritable domino, où les informations correctes s'effondrent.
Sous-jacent à tout, il doit y avoir la conscience que les lecteurs sont les destinataires de la propagande et en sont les destinataires premières victimes … si vous n'appliquez pas le bon sens.
1 Présidence du Conseil des ministres, Rapport 2022 sur la politique de sécurité de l'information
2 ibidem