La crise russo-ukrainienne a réveillé le mouvement pro-européen pour la constitution d'une armée commune de l'Union.
Les pourparlers séparés du président français Macron et du chancelier allemand Scholz (puissance militaire et puissance économique de l'Europe), avec le président Poutine, ont démontré pour la énième fois l'absence d'une politique étrangère commune et donc d'une défense commune.
Plusieurs hommes politiques, y compris nationaux, expriment la nécessité de se doter d'une armée européenne afin de pouvoir compter dans les crises internationales, l'apanage des Puissances (équipées d'armes nucléaires).
Il ne fait aucun doute que les nations qui possèdent des armes nucléaires ont un "poids" différent lorsqu'elles doivent se rapporter à d'autres acteurs internationaux.
La solution serait donc d'intégrer plus étroitement les forces militaires des États membres de l'UE, afin que nous puissions "parler d'une seule voix" lorsque des crises telles que l'Ukraine se produisent.
Le problème est de comprendre comment mener à bien ce projet d'époque.
Tout d'abord, les forces armées d'une nation sont son expression politique. Pour donner un exemple, l'instrument militaire de l'Allemagne est structuré uniquement pour effectuer des tâches de défense du territoire national, tandis que celui de la France (nucléaire et ex-puissance coloniale) se conforme à une plus grande projection vers l'extérieur ainsi qu'à la protection des intérêts stratégiques de Paris dans le monde.
En ce qui concerne l'Italie, actuellement, la mission la plus importante est l'opération "Safe Roads" qui implique plus de 7.000 XNUMX soldats dans les villes italiennes.
Ensuite, il existe des intérêts stratégiques souvent divergents, rarement convergents, entre les 27 États membres de l'UE. Berlin est projeté vers l'Europe du Nord et la Fédération de Russie, ainsi que vers les Pays-Bas, la Belgique et les pays scandinaves. L'Italie, en revanche, compte tenu de sa conformation géographique, a une connotation essentiellement méditerranéenne.
Cela suffirait à lui seul à faire échouer toute hypothèse de constitution d'une force militaire commune qui, on s'en souvient, serait un instrument de politique étrangère.
À notre avis, la seule voie à suivre est de créer un mécanisme similaire à l'OTAN, c'est-à-dire de donner le commandement militaire à une seule nation, à savoir la France, le seul membre de l'Union européenne qui possède la culture, les structures et la capacité politico-militaire pour gérer une force multinationale européenne. A cet égard, sur les 27 Etats membres, seuls quelques-uns disposent de moyens capables d'intégrer/mettre en œuvre l'appareil militaire de Paris.
Quant aux forces terrestres, des unités blindées / mécanisées devraient être fournies par l'Allemagne (elle compte actuellement 5 bataillons de chars opérationnels, chacun sur 44 MBT Léopard 2A6/7) et les autres états membres du nord de l'Europe. L'armée italienne, dans ce secteur, laisse à désirer, alors qu'en tant que busway, elle pourrait fournir, dans un avenir proche, une composante Centaure II / Flèche, même si inadapté à un théâtre opérationnel de haute intensité (comme dans le Donbass).
En pratique, notre Armée pourrait contribuer à un instrument militaire communautaire avec des spécialités d'infanterie légère (parachutistes, lagunaires, alpines), d'artillerie automotrice (PzH-2000 de 155/52 mm), de forces spéciales et, surtout, avec des moyens hélicoptères (CH-47F, UH-90, AH-129D et à l'avenir le NEES AH-249).
L'armée de l'air, en revanche, dispose d'atouts « attractifs » avec les troupeaux équipés du Typhon et ceux avec le F-35A/B. De plus, la composante EW (Guerre électronique), dans les prochaines années, bénéficiera d'une forte mise en œuvre avec l'acquisition de G550 supplémentaires en configuration AISREW (Aéroporté Surveillance du renseignement, reconnaissance et guerre électronique). Autre secteur « attractif » est le CSAR, assuré par le troupeau du 15e en synergie avec les « raiders aériens » du 17e.
Quant à la composante navale, la Marine Nationale est une marine "L'eau bleue", grâce aux sous-marins nucléaires d'attaque (SSN), de la classe souffrir (qui entreront progressivement en service au cours des prochaines années), et aux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE), de la classe Le triomphant (photo). A cet appareil s'ajoute le porte-avions à propulsion nucléaire Charles de Gaulle, équipé de la version embarquée du chasseur Rafale, en plus des combattants de classe Horizon e Aquitaine et frégates de la classe La Fayette et les futurs IDE.
A cette force navale déjà conséquente, la Navy ne pouvait ajouter que très peu. Les F-35B embarqués sur le "porte-avions" Cavour, atteindra le CIO (Capacité opérationnelle initiale) en 2024. Cependant, lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, pas plus de 8/9 avions pourront embarquer, avec des capacités d'attaque limitées par l'impossibilité de décoller avec charge utile adéquat.
Certainement le navire d'assaut amphibie Trieste (qui devrait entrer en service à la fin de l'année), dans une hypothétique flotte européenne, il trouverait sa juste place, allant couvrir le rôle de vaisseau amiral de la force de débarquement, qui verrait également la présence du Mistral français et Juan Carlos I espagnole. Un autre composant utilisable pourrait être le sous-marin, avec la classe Todaro qui dans les prochaines années sera intégré par 4 bateaux U-212 NFS.
En pratique, il s'agirait de placer sous commandement français (évidemment après une transition politique) les moyens (peut-être selon une formule de rotation) des États membres que le ministère des Armées de Paris jugeait fonctionnels à la réalisation de l'objectif stratégique européen. objectifs (en plus de la création d'un commandement multinational permanent).
D'autres hypothèses seraient difficilement envisageables, comme mentionné au début La France possède la dissuasion nucléaire, en plus de tout le reste. Une dissuasion stratégique qu'il ne mettra jamais entre les mains d'un autre décideur européen, qu'il soit politique ou militaire.
En conclusion, soit l'Europe "se soumet" à Paris, soit elle devra se résigner à n'être "qu'une simple expression géographique".
Photo : armée américaine / armée italienne / Twitter