L'organisation maritime dans l'Antiquité (première partie)

(Pour Andréa Mucedola)
13/04/23

Souvent, et pas seulement dans le domaine naval, il y a confusion entre titre e grado. avec titre désigne le terme pour désigner les personnes qui, à différents niveaux, exercent certaines fonctions à bord d'un navire. Concrètement, cette appellation peut être attribuée de façon temporaire, ou utilisée uniquement dans la période de couverture d'une affectation, ou de manière permanente comme par exemple pour les officiers de bord ayant occupé le poste de comandante à bord des unités navales. Au lieu de cela, nous parlons de grado définir le niveau hiérarchique d'un officier ou d'un diplômé au sein d'une organisation militaire au cours de sa carrière.

Cette confusion rend les hiérarchies dans le domaine maritime assez compliquées pour un non-expert, présentant parfois des individus avec des grades différents et des titres similaires.

Pour mieux comprendre ces structures, il faut préciser que, dans l'histoire navale, l'organisation de la marine militaire et marchande n'a pas toujours voyagé sur des voies parallèles puisque les marins pouvaient, selon les moments, avoir des tâches fonctionnelles dans l'une ou l'autre.

On pourrait dire que lorsque l'Etat reposait pour sa survie sur une thalassocratie (domination militaire et commerciale d'un espace maritime et des territoires qu'il contient ou qui le bordent - ed) nécessaires pour créer des structures militaires avec une identité précise, régies par des règlements stricts qui garantissaient au système bureaucratique interne une gestion attentive de leurs besoins. Dans ce cas, l'ensemble des forces navales et des forces de soutien logistique était souvent un au sein des différentes marines.

Là où, en revanche, il n'y avait pas besoin d'une organisation militaire réglementée, les frontières avec le monde marchand s'amincissaient, créant souvent une certaine anarchie dans les fonctions ; dans ce cas, les marins se transformaient, selon les circonstances, en marchands, pirates, corsaires ou soldats occasionnels. Nous verrons comment, après l'époque classique, il a fallu arriver au XVIIIe siècle pour redécouvrir des Marines dirigés par des officiers professionnels avec une réglementation précise et contraignante.

L'organisation romaine

Dans les temps anciens, le commandant de la flotte militaire, là où elle existait, était un haut responsable politiquement nommé qui employait des unités navales de divers types commandées par des officiers qui faisaient appel à des spécialistes pour leur conduite.

Selon Carro, depuis l'époque d'Auguste, tous les empereurs - à l'exception de Claude et de Néron - réservaient le commandement des flottes impériales à des praefecti de rang équestre choisis principalement dans l'aristocratie italienne. Le plus important d'entre eux était peut-être le commandant du Classis Misenensis basé à Miseno avec des commandants subordonnés (subpraefecti) et des commandants des bannières navales (prépositi vexillationis). Cette structure, que l'on pourrait définir de l'état-major, gérait les commandants des unités de la flotte, appelés Navarchi e triérarques. Le navarque, Comme l' triérarque, était un terme de dérivation hellénique, déjà utilisé dans le grec poleis en tant que chef de la flotte militaire. Sans surprise, du moins au début, de nombreux commandants de la flotte romaine venaient des provinces orientales.

Dans l'organisation romaine pragmatique, dans laquelle les flottes étaient convenablement redistribuées dans différentes zones géographiques de gravitation, la Navarque il commandait souvent plusieurs navires conduits tour à tour par des triérarques et faisait appel à des spécialistes dont le pilote qui gouvernait le gouvernail et les manœuvres. Le Navarque, par analogie avec l'armée romaine, avait le grade militaire de centurion car tout navire de guerre équivalait à un centuria, même si leur traitement économique était moindre.

Après avoir éradiqué la menace des pirates, car il n'y avait pas de puissances maritimes concurrentes, la flotte romaine a perdu l'attention impériale au fil du temps. Ce n'est qu'à la fin de l'empire que le danger renouvelé le long des routes a ramené la nécessité de rafraîchir les instruments navals.

Ce sont surtout les Byzantins qui ont reconstitué une organisation efficace pour contrer la nouvelle menace qui pèse sur les mers orientales. Dès le VIIe siècle, la flotte byzantine était commandée par un stratégies (stratēgos tōn karabōn/karabisianōn, "général des navires/marins"), responsable de la défense des côtes jusqu'à la frontière avec le Califat à Séleucie en Cilicie, les îles de la mer Egée et les possessions impériales dans le sud de la Grèce. Une tâche qui comprenait donc non seulement l'efficacité des navires mais aussi la formation du personnel. Le stratégies il en avait deux ou trois à son service tourmarchaï (« vice-amiraux »), qui ont fait usage d'un certain nombre de droungarioi («sous-amiraux») répartis dans des commandements subordonnés.

Les niveaux inférieurs d'organisation comprenaient des escadrons de trois ou cinq navires sous le commandement d'un komēs ou droungarokomēs , et chaque navire était commandé par un capitaine appelé kentarchos (dérivé du mot «centurion»). Parfois, dans les sources littéraires, ces commandants étaient encore appelés nauarchos ou triērarchos.  

Il était intéressant de voir comment des termes marins, d'origines différentes, se mélangeaient dans ce grand lac méditerranéen. Par exemple le mot capitaine, du latin tête, patron, ou "qui est en tête" que l'on retrouve dans de nombreuses terminologies de toutes les marines, a parfois pris des sens très différents, et est encore en usage aujourd'hui.

L'utilisation des mêmes titres pour différentes fonctions a créé un profond décalage organisationnel qui a conduit au fil du temps à la nécessité d'établir des règles toujours plus précises pour encadrer les devoirs et les responsabilités du personnel de commandement et de gestion des forces maritimes.

Il est important de comprendre que ces règlements attribuaient des tâches mais établissaient également des règles pour tout le personnel qui comprenaient des normes de comportement militaires et sociales, le port du même uniforme et des grades pour reconnaître les différents grades.

Lire: "L'organisation maritime dans l'Antiquité (deuxième partie) : XVII-XVIII siècle"

Photo: web

(article initialement publié sur https://www.ocean4future.org)