Dès janvier prochain, Donald Trump reviendra à la Maison Blanche. Cet événement a ouvert un large débat en Europe sur ce que pourraient être les lignes stratégiques de la politique étrangère de Trump, liés aux programmes des cercles « limitationnistes », et comment les puissances du vieux continent peuvent renforcer leur défense, en surmontant « l'obstacle » qui consiste à se considérer comme garanties exclusivement par le parapluie américain. Débat qui s’insinue entre les replis de la concurrence systémique au niveau industriel entre les États-Unis et l’Europe ; C'est une question à l'ordre du jour qui, sans affecter le mécanisme d'alliance qui reste particulièrement solide, doit être abordée pour considérer les relations entre les deux rives de l'Atlantique sur un pied d'égalité.
L'un des éléments les plus discutés est celui de renforcer la base industrielle européenne de défense, à travers des programmes de coopération pour le développement et la production d’armes et de systèmes continentaux, qui peuvent être utilisés en collaboration avec ceux des États-Unis, mais qui ne dépendent pas des États-Unis en termes de licences et de composants. Une stratégie « autonome » de défense européenne ne pourra toutefois être construite qu’à long terme, lorsque les contingences du moment, comme la guerre en Ukraine, ne dicteront pas la ligne de politique militaire et de politique industrielle à suivre.
À l’heure actuelle, en effet, il faut souligner que, malgré les excellents systèmes produits en Europe, il n’existe pas de véritable autonomie stratégique et que les forces armées des pays européens dépendent d’armements achetés aux États-Unis ou produits sous licence. Cela est dû au fait que les alliés européens de l'Amérique ont un problème d'économie politique dans leurs efforts de production d'armes, lié au pouvoir de marché des États-Unis, résultat de dépenses historiques supérieures à celles de l'Europe et avec une large marge de croissance, mais aussi à le fait que, notamment dans les "petits" pays de l'Union, dotés d'industries de défense émergentes, considèrent la production sous licence comme un refuge dont ils ne peuvent pas se distancier.
Enfin et surtout, la nécessité pour l'Union européenne de se doter au plus vite d'instruments supranationaux (et pas seulement du "euro-obligations de défense» dont on parle souvent) pour le financement à la fois de projets de recherche et développement et de production de systèmes d'armes conçus par des organisations étatiques-industrielles internationales sur le modèle de celui récemment créé pour l'AMCP.
Dès son premier mandat, Trump avait publié la cinquième version de la politique de transfert d’armes conventionnelles (CAT), dans le but d’encourager les exportations d’armes américaines à l’étranger, tant parmi les alliés européens que dans le quadrant Indo-Pacifique. Selon le CAT, la vente d'armes doit être considérée comme un instrument de politique étrangère visant à ouvrir des canaux préférentiels aux pays qui doivent être inclus dans l'appareil de sécurité de Washington. Sur cette question, les choix de l’administration Biden ne s’écartent pas beaucoup de la ligne trumpienne.
Entre autres choses, il ne faut pas s’étonner que le CAT de Trump s’inscrit pleinement dans le concept stratégique de « l’Amérique d’abord », même s’il ne peut pas être formulé selon les canons protectionnistes de la politique économique de MAGA. En effet, la politique d’armement de Trump vise à améliorer les « mécanismes » du système d’exportation.
Toutefois, le paradoxe des « limitationnistes », qui visent à promouvoir le partage de la charge économique et militaire entre les alliés des États-Unis, est que cela implique également l'acceptation d'une concurrence transatlantique plus équilibrée dans les domaines de la défense et de l'industrie.
Photo: armée américaine