"Les Sables de l'Enfer"

(Pour Mario Veronesi)
09/01/25

Les marins portugais qui tentèrent pour la première fois de faire le tour de l'Afrique en passant par le cap de Bonne-Espérance les appelaient "comme des zones de l'Enfer".

Ce que vous voyez sur l’image n’est pas le mirage d’un navire échoué dans le désert namibien. Une épave insolite, abandonnée à son sort depuis plus de cent ans : c'est le Edouard Bohlen naufragé sur Côte des Squelettes le 5 septembre 1909 à cause du "cassimbo", ce brouillard océanique très épais qui ne permet pas de voir à deux mètres devant soi. Depuis, son squelette repose dans le sable, à plus de 400 mètres de la côte.

Il reste très peu de choses du navire marchand Woermann-Linie de plus de 94 mètres de long, en route de Swakopmund à Table Bay. La carcasse de sa coque est partiellement enfouie sous le sable, comme si elle s'était échouée au fil du temps. En réalité, dans les années qui ont suivi son naufrage, le désert a commencé à s’enfoncer de plus en plus loin dans l’océan.

Côte des Squelettes , la « côte squelette »

Un lieu à la fois fascinant et fantomatique, des kilomètres de côtes où le climat est l'un des plus inhospitaliers au monde. Le courant de Benguela coule du sud vers le nord, rendant la navigation impossible. Le vent, principalement terrestre, crée des bancs de brouillard et de sable inquiétants dont il est très difficile de se débarrasser. Le sable se façonne à des centaines de mètres du rivage et, mélangé par la violence des vagues, crée des murs sous-marins qui piègent tout navire s'approchant trop près du rivage. La chaleur est caniculaire et il pleut très peu. Et pour ceux qui dépassent les premières dunes de sable, ils découvrent un paysage désolé de sable, de rochers et de marais qui se transforment en pièges mortels.

La Côte des Squelettes est devenu une sorte de cimetière naval à ciel ouvert et de nombreuses autres épaves jonchent le désert alentour.Edouard Bohlen. Certains restent encore entre les mains de l’océan, tandis que d’autres ne sont que quelques morceaux de bois sortant du sable.

Il existe différentes interprétations concernant le nom sous lequel elle est connue aujourd'hui, la « côte squelette ». Il y a ceux qui croient que tout découle de la vue des os de baleines et d'autres animaux échoués, qu'au fil du temps les marins, notamment portugais, ont rapportés dans leurs chroniques, alimentant les légendes sur ce véritable cauchemar pour quiconque naviguait sur les eaux de l'Atlantique vers l'Atlantique. Cap de Bonne-Espérance.

Certains pensent que le nom est dû au journaliste Sam Davis, qui, parlant d'un accident d'avion survenu dans cette zone, a écrit que le pilote se retrouverait dans le di Côte des Squelettes , la côte des squelettes, en fait.

D'autres se réfèrent plutôt au livre écrit par John H. Marsh, "Skeleton Coast", qui raconte le sauvetage dramatique des hommes de la MV Dunedin Étoile, échoué dans les sables terrifiants de Namibie depuis novembre 1942 et y est resté pendant des décennies.

Tout comme les océans cachent leurs trésors dans les profondeurs les plus inaccessibles, les océans cachent eux aussi leurs trésors dans les profondeurs les plus inaccessibles. Côte des Squelettes cache ses épaves en les recouvrant de son sable jusqu'à les engloutir à jamais.

photos: Anagorie, Olga Ernst